12 Haziran 2012 Salı

LE BONNES NOUVELLES DE L´UNION ISLAMIQUE

Ce livre a été écrit pendant l’été 2003. Il aurait été très difficile de parler d’une Union islamique il y a 20, 30, 40, ou 50 ans, parce que le monde en général, et le monde islamique en particulier, ne répondait pas aux critères requis pour la formation d’une telle Union. Au contraire, de nombreux facteurs s’y opposaient. Cependant, après une série de changements intervenus depuis 1980, l’idée d’une telle union ne relève plus de l’utopie. Passons donc en revue ces changements un à un.
Les musulmans sont devenus plus libres
L’Empire Ottoman a été la dernière “Union islamique” en date. Depuis son effondrement, le monde islamique s’est divisé en de nombreux états-nations qui sont demeurés sous le joug colonial pendant une assez longue période. A partir de 1920, la plupart des pays du Moyen-Orient, l’Afrique du Nord, le sous-continent indien et les musulmans de l’Asie du Sud sont tombés sous l’autorité de puissances coloniales, notamment la France et la Grande-Bretagne. Les musulmans d’Asie Centrale ont été d’abord soumis aux Russes, puis, ce qui fut pire encore, aux Soviétiques. Les musulmans des Balkans se sont retrouvés sous la domination de peuples non-musulmans comme les Serbes et les Croates, dont les dirigeants, après la seconde guerre mondiale, ont adhéré au communisme.
En résumé, la majorité des musulmans vivaient sous le joug colonial. Avec la fin du colonialisme dans les années 1950 et 1960, ils ont commencé à accéder à l’indépendance. La Grande Bretagne se retira d’abord du sous-continent indien puis du Moyen-Orient. Dans le sous-continent indien, l’Inde, le Pakistan occidental et le Pakistan oriental (le futur Bangladesh), apparurent en tant qu’états indépendants. Au Moyen-Orient, les différents pays arabes gagnèrent eux aussi leur indépendance. Dans le sud-est, la Malaisie et l’Indonésie proclamèrent la leur en 1965.
A la fin des années 1980, le bloc soviétique s’est désintégré, en 1991, l’Union soviétique s’est effondré et de nombreux peuples musulmans ont acquis l’indépendance. En Asie Centrale, les pays musulmans se sont libérés du joug russo-soviétique après 150 ans de soumission et sont devenues des républiques indépendantes. La fin du communisme a aussi libéré les musulmans des Balkans. La Bosnie-Herzégovine s’est libérée de la Yougoslavie à domination serbe et elle est devenue un pays musulman en Europe centrale, l’Albanie s’est débarrassée du régime communiste et sanglant de Enver Hoxha.
A l’exception des musulmans qui vivent en communautés minoritaires dans de nombreux pays ou sous occupation (par exemple en Palestine et au Cashmere), les musulmans se gouvernent eux-mêmes désormais. Ce changement politique majeur nous permet d’évoquer la possibilité d’une Union islamique.
Les idéologies anti-religieuses ne sont plus aussi influentes
Même si les pays musulmans sont devenus indépendants à partir des années 1950s, cela ne signifiait pas qu’ils avaient acquis une vraie conscience pour autant. Au contraire, dans certains d’entre eux, des idéologies opposées aux piliers centraux de l’Islam s’imposèrent. Le nationalisme arabe, qui marqua profondément le monde arabe dans les années 1950-1960 en est un exemple. Brusquement, cette idéologie militante, qui était incompatible avec la morale islamique et reposait sur les méthodes et la rhétorique marxistes, eut le vent en poupe. Bien qu’elle ait sombré aussi vite qu’elle était apparue, elle entraîna une perte de temps et suscita des tensions.
Par ailleurs, les pays musulmans étaient tiraillés entre des extrêmes et divisés principalement en deux camps, dont l’un était dominé par l’Amérique et l’autre par l’Union soviétique. Ne songeant pas à agir ensemble, ils se répartissaient presque à égalité entre les deux camps. La plupart des pays arabes étaient proches de l’Union soviétique. L’Egypte “musulmane” ne voyait pas rien de mal au fait de soutenir l’Inde dans sa guerre contre le Pakistan, pourtant musulman. Il ne fut possible de définir le monde islamique en tant que tel en matière de politique, stratégie et culture qu’après la fin de la guerre froide, quand le monde islamique commença à jouer un rôle important.
Le processus visant à purifier le monde islamique des relents de la guerre froide est toujours en cours. L’évolution qui l’accompagne montre qu’un climat plus démocratique et tolérant commence à prendre forme, un climat qui génèrera une atmosphère plus propice à la compréhension, à la transmission et à l’application des valeurs coraniques. Les différences traditionnelles entre les musulmans sont en train de s’estomper avec l’évolution récente de la situation au Moyen-Orient, ainsi des sunnites et chiites iraqiens prient ensemble dans la même mosquée pour la première fois dans l’histoire.
La civilisation joue un rôle important dans les relations internationales
La fin de la guerre froide a mis un terme à cette division “contrainte et forcée” des musulmans en deux camps politiques opposés. A la place des idéologies politiques, les civilisations, ont commencé à gagner du terrain. Comme l’a dit Samuel Huntington, on ne définit plus les gens en leur demandant de quel coté ils sont, mais qui ils sont.53 Pour beaucoup de personnes, des Balkans à l’Asie Centrale et de l’Extrême-Orient à l’Afrique, qui se définissaient elles-mêmes auparavant comme “socialiste”, “Yougoslave”, “Soviétique”, “anti-communiste” ou “nationaliste” il est devenu plus important de déterminer à quelle civilisation elles appartenaient.
La théorie du choc des civilisations de Huntington, qui rend compte de ce phénomène, revêt une grande importance à cet égard. Huntington a prédit que le 21ème siècle serait défini par les civilisations, plutôt que par les états-nations ou les groupes politiques, et que l’identité dominante serait l’identité civique. Il avait raison. Il avait aussi justement prédit que ces civilisations reposeraient sur la religion. Cependant, il a eu tort de croire que les relations entre elles seraient placées sous le signe du conflit, il est plus probable que ce sera sous celui de l’amitié et de la coopération. Pour rendre cela possible, Huntington et les gens qui pensent comme lui n’ont qu’une chose à faire : renoncer à cette vision du monde biaisée par le darwinisme sociale qui les induit en erreur.
La fin de la guerre froide n’est pas la seule raison qui explique que le monde se définit désormais en terme de civilisations. Une autre raison importante réside dans l’effondrement de l’athéisme et le renouveau du sentiment religieux. Ces évolutions sont étroitement liées à la désintégration des philosophies matérialistes, due aux découvertes sociales et scientifiques qui les réfutent alors qu’elles exerçaient un monopole sur le monde depuis deux siècles. Les progrès de la science en particulier ont accéléré l’érosion des fondements du matérialisme et ont permis aux gens de voir plus clairement les preuves de l’existence d’Allah. A une époque où la croyance en Allah gagne du terrain et où les gens se tournent à nouveau vers la morale religieuse, la foi islamique prend elle aussi de l’ampleur.
Tout le monde parle de l’Islam
Autre phénomène remarquable : tout le monde reconnaît que l’Islam est la religion qui progresse le plus vite dans le monde. Mieux encore, l’Islam est au centre des principaux débats actuels. La situation, il y a 30 ou 40 ans, était tout à fait différente. Le monde avait confiné sa pensée tout entière dans le cadre étroit de la guerre froide, et beaucoup croyaient, à cause de l’influence des conceptions matérialistes, que la morale religieuse ne pouvait être un facteur déterminant dans la vie des individus et des communautés. Mais au début des années 1980, l’Islam devint un sujet central sur toute la planète et l’occident prit conscience que la morale de l’Islam était une force qui pouvait mettre en branle des peuples et des nations.
Dans les années 1990, l’intérêt de l’occident pour l’Islam s’accrut, comme nous l’avons indiqué, en partie à cause du nombre d’articles consacré à ce sujet dans les médias. Mais cela s’amplifia surtout après le 11 septembre, une tragédie diamétralement opposée à la morale de l’Islam. Les occidentaux, en particulier les Américains, commencèrent à faire de grands efforts pour comprendre et mieux connaître l’Islam. Actuellement, les chercheurs et les médias s’intéressent beaucoup à l’Islam. Même si certains aspects de cette recherche sont partiaux, elle attire l’attention des gens sur l’Islam et les incite à se pencher sur sa morale. (Pour plus d’informations, voir Harun Yahya, The Rise of Islam)
Les progrès de la mondialisation et de la solidarité entre les musulmans
Un autre phénomène important a préparé la voie à l’Union islamique : c’est la mondialisation, un processus qui a commencé dans les années 1980 et s’est développé dans les années 1990 avec les avancées technologiques qu’a connues le monde des communications, notamment Internet. Certains musulmans voient en la mondialisation une voie propre à la culture occidentale et la jugent donc négativement. En réalité, ce processus permet au monde entier d’entrer dans un intense dialogue culturel avec lui-même en usant d’une langue commune à tous. La mondialisation facilite aussi aux musulmans l’accès à l’information et la possibilité de coopérer et dialoguer les uns avec les autres à un degré jamais égalé. En effet, elle a été un catalyseur important pour l’illumination du monde islamique.
Internet, véritable aubaine pour l’humanité montre l’essor du dialogue entre musulmans. Grâce à lui, ils ont pu mieux conjuguer leurs efforts et diversifié leur accès à l’information. Résultat, de nouvelles générations sont apparues aux quatre coins du monde qui réfléchissent, lisent, développent des idées et produisent des solutions. Dr. Farish A. Noor, expert en sciences politiques malais qui enseigne à l’Université Libre de Berlin comme professeur invité, évoque en ces termes les effets de la mondialisation sur le monde musulman:
Du fait des progrès des technologies de la communication qui facilitent la circulation de l’information et du savoir, les musulmans sont libres (ou plus libres) d’accéder au cœur du savoir islamique  les textes majeurs, les principaux récits et idées de la pensée islamique ne sont plus confinés dans des livres rares conservés dans de lointaines bibliothèques…
Une des conséquences de cet effondrement des hiérarchies traditionnelles et des structures éducatives rigides est la création de groupes éduqués et doués d’une conscience islamique. L’accès aux textes et aux connaissances islamiques signifie que les femmes et les profanes ont aussi le droit d’apprendre, de discuter et de commenter plus librement ce qui touche à la religion. Ce phénomène a été rendu possible dans le monde musulman grâce à la création de réseaux islamiques mondiaux…54
Pour reprendre la terminologie de Noor, “ceci laisse entrevoir un monde musulman où le temps et l’espace ne sont plus des obstacles.”55
Internet et les medias mondiaux contribuent à l’union des musulmans. Tout événement qui se produit dans un pays musulman est connu de tous les autres et concernent dès lors les musulmans où qu’ils soient. Tous ces nouveaux moyens montrent que le monde musulman est en droit d’espérer un avenir plus brillant.
Les occidentaux rêvent du retour des Ottomans
Comme nous l’avons souligné dès le début, la création de l’Union islamique profitera aux musulmans et aux non-musulmans tout autant, et devra être une structure juste, démocratique et progressiste. Après sa formation, les autres civilisations, notamment l’occident, pourront traiter avec une entité stable et fiable avec laquelle ils auront des relations cordiales et pacifiques. Comme l’Union islamique aura pour tâche de prévenir et traiter l’émergence d’éléments radicaux se réclamant de l’Islam, l’occident sera débarrassé de ses craintes à ce sujet.
L’un des signes qui permettent de prédire son avènement est que la nécessité de la créer est reconnue par l’occident lui-même. On a constaté l’absence d’un pouvoir central sur l’ancien territoire Ottoman et l’idée d’établir un système similaire pour résoudre le problème fait son chemin. Comme le montre l’histoire, l’Empire Ottoman a apporté paix et stabilité à cette région. En se fondant sur ce succès, le fait d’appliquer le modèle Ottoman à cette région agitée permettra de remédier à ces maux actuels et de calmer les turbulences. Par exemple, dans son article intitulé “Un monde toujours hanté par le fantôme Ottoman”, (A World Still Haunted by Ottoman Ghosts) paru dans The New York Times (9 mars 2003), David Fromkin commence par dire qu’ “un fantôme hante les Etats-Unis. C’est le spectre de l’Empire Ottoman”. Il poursuit en disant :
Aujourd’hui, les esprits les plus ambitieux de l’administration Bush proposent non seulement d’envahir l’Iraq, mais d’en faire un tremplin pour transformer le Moyen-Orient arabe. Ce n’est pas une idée nouvelle car il y a quelques décennies, des pays européens, la Grande-Bretagne et la France, ont eux aussi envisagé le même projet. Sortis victorieux de la première guerre mondiale, ils ont redessiné la carte du et l’Iraq est l’un des Etats artificiels nés de cette réorganisation.
Après la première guerre mondiale, la Grande-Bretagne et la France, vainqueurs de l’Empire Ottoman, étendirent en effet leur contrôle sur les pays arabes, avec en prime une perspective séduisante, celle d’y trouver d’importants gisements de pétrole.
Les Européens et leurs partenaires économiques américains espéraient établir des régimes stables et amis. Après avoir redessiné les frontières au début des années 1920, la Grande-Bretagne et la France ont introduit un système étatique et cherché à leur fournir une orientation politique. Mais ce système ne perdura pas, au contraire la région devint de plus en plus agitée et turbulente.
Quand on regarde les choses avec un peu de recul, il est clair que bien des caractéristiques du Moyen-Orient, dont certaines que le Président Bush voudrait bien changer, ont été façonnées par les cinq siècles qu’a duré la domination Ottomane.56
Le journaliste anglais Timothy Garton Ash a exprimé un point de vue similaire dans un article publié dans The Guardian. Ash, à propos des problèmes des Albanais au Kosovo et des Kurdes au nord de l’Iraq, dit: “dans les deux cas, nous sommes toujours aux prises, presque un siècle plus tard, avec l’héritage de l’Empire Ottoman.” et il conclut:
Regardons les choses en face : quand cette guerre sanglante s’achèvera, nous serons comme en 1918, confrontés à un certain nombre de ces mêmes questions auxquelles nos aïeux ont dû se confronter, aux mêmes endroits, des Balkans au Moyen-Orient. Et nous n’avons toujours pas trouvé les réponses. Parfois, je me dis qu’il faudrait réinventer l’Empire Ottoman.57
Il est évident qu’à une époque où même l’occident se demande comment créer un nouvel Empire Ottoman, les musulmans doivent se pencher avec attention sur ce projet. L’évolution constatée depuis le début du 15ème siècle de l’hégire montre que les musulmans sont à un tournant de leur histoire et nous devons tous faire en sorte d’être à la hauteur de cette responsabilité.
53. Anouar Boukhars, “The ‘global divide’ is not Islam vs. America,” Global Beat Syndicate, 12 mai 2003
54. Dr. Farish A. Noor, The Caliphate : Coming Soon To A Country Near You? The Globalisation of Islamic Discourse and its Impact in Malaysia and Beyond, Institut fur Islamwissenschaft, Freie Universitat of Berlin, 2000, p. 31. Disponible sur : www2.ucsc.edu/globalinterns/cpapers/noor.pdf
55. Ibid., 26
56. David Fromkin, “A world still haunted by Ottoman Ghosts”, New York Times, 9 mars 2003
57. Timothy Garton, The Guardian, 27 mars 2003

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