12 Haziran 2012 Salı

QUEL TYPE D´UNION ISLAMIQUE?


La Première et la Seconde Guerre Mondiales ont administré une terrible leçon à l’humanité en lui offrant un tableau effroyable, celui d’un massacre de masse à l’échelle planétaire, de la destruction des plus grandes villes européennes et la découverte des camps d’extermination. L’occident, pris dans l’étau de ces guerres, en a tiré les enseignements: il fallait créer des alliances afin d’instaurer un système qui saurait gérer efficacement et rapidement les conflits. Des pays européens avaient certes conclu des alliances par le passé, mais elles n’avaient jamais été durables car elles n’avaient pu survivre à des conflits mettant en jeu des intérêts nationaux ou des positions idéologiques. Cette fois-ci, les occidentaux savaient que l’union envisagée devait être plus qu’un simple pacte économique ou défensif, il fallait que ce soit une véritable union reposant sur des valeurs culturelles communes. Une telle démarche implique un processus à long terme.
Les deux guerres mondiales ont ravagé l’économie et l’industrie européennes. Les survivants étaient dans l’obligation de reconstruire des centaines de villes, de réparer les infrastructures et de remettre en marche la machine éducative et le système de santé. La guerre était finie, mais à présent les colonies réclamaient l’indépendance. Il semblait difficile de créer un embryon d’union au milieu de tout ce chaos. Le premier pas vers cette réalisation fut la création de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier fondée en 1951 pour, au départ, préserver et développer. Cette structure évolua pour devenir la Communauté Européenne Economique et enfin l’Union Européenne (EU). Au fil du temps elle s’est imposée comme une entité solide dans laquelle biens, services, capitaux et travailleurs circulent librement entre les états membres : elle possède une monnaie unique, un système de lois cohérent et même une bureaucratie propre. Aujourd’hui, l’Union Européenne est l’un des acteurs majeurs de la scène internationale.

L’Union Européenne (EU): un modèle possible pour l’Union islamique

L’Organisation de la Conférence Islamique (Organisation of Islamic Conference OIC) compte 57 états membres, et c’est la plus vaste organisation islamique de par le nombre de ses membres et l’aire géographique qu’elle couvre. Par ailleurs, il existe plusieurs alliances militaires et commerciales régionales entre des pays musulmans appartenant à une même région, alliances qui jouent un rôle très important et constituent une avancée positive. Cependant, le monde islamique a besoin d’une organisation plus solide, pourvue d’institutions permanentes capables de prendre des décisions efficaces, de mettre en place des politiques communes et générer des solutions pour les problèmes de tous les musulmans, non pas seulement de régler quelques grandes questions régionales. La puissance de cette organisation doit être économique, militaire et sociale. Sa création et son existence permettront de créer un cadre de confiance et d’entente mutuelle, ce qui favorisera l’émergence de l’esprit de solidarité. Ainsi les soucis en matière de sécurité des états membres seront étudiés et pris en charge, et la coopération étendue qui s’ensuivra entraînera l’élévation du niveau de vie dans les états membres. Le fait d’agir ensemble dans tous les domaines permettra de façon directe ou indirecte aux pays du monde musulman de développer des stratégies qui servent au mieux l’intérêt du monde islamique.
Dans la seconde moitié du vingtième siècle, les événements survenus en Palestine, en Bosnie, au Kosovo, au Nagorno-Karabakh, au Cashmere, et en Aceh ont rappelé une grande vérité au monde islamique. Dans ces régions où des milliers de civils ont perdu la vie, où tant d’enfants se sont retrouvés orphelins et où la barbarie et la violence ont atteint des sommets, l’occident s’est montré passif ou a mis du temps à prendre des mesures préventives. Une telle indifférence a rappelé aux musulmans une fois de plus qu’il leur incombe à tous de défendre les droits de leurs coreligionnaires et de répondre à leurs besoins. De ce fait, le monde musulman se doit d’être responsable et dynamique car ce n’est qu’en s’unissant que les pays musulmans peuvent garantir la sécurité de tous les musulmans en s’exprimant au nom de toute la communauté d’une seule voix sur la scène internationale.
Le monde musulman doit devenir un bloc sur le plan militaire, politique et économique. Son unité intrinsèque garantira la paix dans le monde et empêchera les extrémistes de hâter un choc des civilisations au nom de leurs idéologies basées sur l’intérêt personnel et la discorde.
La structure générale de l’Union islamique
L’Union Européenne, qui sert de modèle à notre projet d’Union islamique, peut être décrite comme une entité où la souveraineté, le régime politique et l’appareil d’état de chaque membre continuent à fonctionner sous l’égide d’une constitution fondée sur la “culture européenne”. A l’intérieur du cadre défini par cette constitution, les états membres coopèrent en matière de politique, culture, et économie, tandis qu’une législature et une administration centrales coordonnent leurs efforts et représentent l’intérêt de l’Europe comme formant un tout.
L’Union islamique doit se doter d’une structure qui préserve l’indépendance des états membres, leurs frontières nationales, leurs droits et leurs intérêts. Chaque état souverain doit s’efforcer de construire cette union à travers une culture islamique commune, développer des politiques conjointes et mettre en place les organes législatifs et administratifs qui permettront de les mener à bien. Le but ici n’est pas d’aboutir à une fusion structurelle des états, mais de les unir derrière des politiques et intérêts communs pour créer une puissance politique à l’image de cette union.
Dans une telle union, les musulmans seront en contact direct les uns avec les autres, connaîtront intimement leurs problèmes respectifs et s’entraideront. Le séparatisme, le factionnalisme, et le fanatisme seront rejetés au nom du principe de l’unité islamique. Le fait que le monde musulman n’ait pas su parvenir à un consensus entre les différentes conceptions, les divers systèmes et modèles qui caractérisent ses membres l’empêche d’agir de façon unitaire. L’appel à l’Union islamique que nous proposons ne sera pas basé sur la race, le niveau économique ou la localisation géographique, toutes les tensions nées de différences de races, de langue ou de culture cesseront sous l’égide de cette union. L’esprit d’union de ses membres ne reposera sur la supériorité d’une culture, d’une nation, ou d’un groupe sur un autre, mais sur l’esprit de solidarité suscité par l’équité, la tolérance, l’affection et l’amitié.
Une des principales raisons qui motivent la création d’une Union islamique est d’établir une autorité centrale capable de gouverner l’ensemble des musulmans. C’est pourquoi il faut que cette autorité possède une structure qui englobe tous les musulmans, ou qui, en d’autres termes, soit capable d’accueillir les différents points de vue. L’Union Islamique doit reposer sur les principes centraux de l’Islam, envisager les différences tant pratiques que théoriques avec tolérance et intelligence et en faire une source de diversité et de richesse culturelle. On ne doit pas permettre à ces différences d’entraver la mise en application des volontés politiques et les actions conjointes. Tous les conflits opposant les pays musulmans doivent être résolus et leurs différences doivent s’insérer dans le cadre de cette autorité centrale. Une Union islamique capable de gérer ses affaires internes sera en mesure de résoudre facilement les litiges qui peuvent l’opposer à d’autres civilisations et d’imaginer les politiques collectives que son autorité centrale mettra sur pied et administrera.
Le monde islamique est confronté à de nombreux problèmes qui demandent à être résolus et préoccupent en permanence la communauté internationale: des tragédies politiques comme celles de la Palestine, du Cashmere, et de l’Iraq; la guerre idéologique contre le terrorisme, et maints problèmes sociaux comme le sous-développement, la pauvreté, la santé et l’éducation. Ces problèmes ne sont pas de simples questions locales ou régionales, elles concernent de façon directe tous les musulmans. C’est pourquoi le monde islamique doit créer une réelle solidarité pour les résoudre. Nul ne peut soutenir que “ce qui se passe en Palestine ne concerne que les Palestiniens”, que “les civils musulmans du Cashmere victimes de l’oppression devraient se tirer d’affaire tout seuls”ou que “la famine qui frappe les enfants dans certains pays islamiques n’engage que la responsabilité du pays en question”. Les musulmans ne peuvent pas accepter cette situation comme allant de soi.
Cependant, les musulmans ont échoué à former une alliance forte entre eux, aussi d’autres pays, non-musulmans, proposent des solutions à ces problèmes et à d’autres du même genre. Néanmoins ces solutions n’ont pas pour priorité l’intérêt des musulmans ou n’offrent que des remèdes à court terme. Dans plusieurs régions ravagées par les conflits, la faiblesse des musulmans les empêche de faire peser réellement leur avis à la table des négociations. De plus, les prétendus plans de paix incluent souvent des clauses qui génèrent plus de mal que de bien. Le monde islamique se doit d’avoir un plan d’action commune pour garantir les droits des musulmans lésés.
Le nombre de problèmes qui attendent d’être résolus par l’Union islamique montre qu’elle aura un agenda bien chargé. Pour fonctionner efficacement, elle aura besoin d’avoir des quartiers généraux opérationnels permanents, elle devra créer des organes législatifs et administratifs qui coordonneront leurs activités (en incluant leurs subdivisions), et garantiront la bonne marche de ces institutions. Cette infrastructure qui prendra les bonnes décisions au bon moment est une réelle nécessité, car l’Union doit inspirer la confiance à travers ses activités, et ses membres doivent être assurés que leurs droits seront pleinement respectés.
L’Union islamique doit avoir suffisamment de flexibilité pour s’adapter à des conditions politiques fluctuantes et une capacité à anticiper assez grande pour mettre en œuvre les stratégies appropriées. On a besoin d’une autorité centrale capable de prendre l’initiative, au lieu de simplement réagir aux événements internationaux ou d’émettre des critiques. Elle doit se charger de coordonner et superviser les actions et servir avec équité l’intérêt de tous les états membres. Elle doit aussi étudier toutes les situations avec objectivité et se laisser guider par les requêtes du monde islamique. Une Union islamique capable d’arbitrer entre les états membres, de résoudre leurs conflits, et de protéger les musulmans dans leurs relations avec les autres nations augmentera l’influence du monde islamique sur le plan culturel, économique et politique.
Pour que l’Union islamique devienne une force unie et une structure unifiante, elle se doit de protéger les valeurs sociales modernes, respecter les droits de l’homme pour tous et se baser sur des principes démocratiques. Or, et ce n’est pas surprenant, toutes ces valeurs occupent une place centrale dans la morale islamique.
Une Union islamique harmonieuse et pacifique
L’Union islamique doit s’efforcer d’apporter la paix dans le monde entier et pas seulement aux musulmans, se montrer tolérante et pacifique dans ses décisions et actions. En effet, au cœur de l’Islam, il y a cette morale révélée qui enjoint aux musulmans d’être bienveillants, compatissants, tolérants, justes, compréhensifs, patients, et dévoués. L’Islam invite les hommes à vivre dans un monde de paix:
O les croyants! Entrez en plein dans l’Islam, et ne suivez point les pas du diable, car il est certes pour vous un ennemi déclaré. (Sourate al-Baqarah, 208)
Les musulmans sont définis comme étant des gens qui obéissent aux commandements d’Allah, s’efforcent avec zèle de mettre en pratique la morale du Coran, de rendre le monde meilleur en y apportant leur touche, et de répandre la joie et la paix. Ils essaient de faire le bien et de rendre service aux gens pour refléter au mieux l’infinie compassion et la miséricorde de notre Seigneur. Allah commande à Ses fidèles de se montrer bons envers autrui, de s’intéresser à ce qui se passe autour d’eux et d’inviter les gens à suivre le droit chemin. Le verset suivant décrit la différence entre les gens qui n’ont aucun impact positif sur leur environnement et ceux qui essaient toujours d’agir au mieux:
Et Allah propose en parabole deux hommes : l’un d’eux est muet, dépourvu de tout pouvoir et totalement à la charge de son maître ; Quelque lieu où celui-ci l’envoie, il ne rapporte rien de bon ; serait-il l’égal de celui qui ordonne la justice et qui est sur le droit chemin? (Sourate an-Nahl, 76)
Le message contenu dans ce verset doit servir de guide à l’Union islamique, qui doit être une plateforme capable de concrétiser l’idéal islamique de dévotion, d’unité, d’amitié, d’honnêteté, de justice, de loyauté, de fidélité, et d’entraide. La morale islamique garantit la liberté de pensée et le droit à la vie de tous, prévient les tensions et disputes entre les gens, elle va jusqu’à interdire la suspicion et les pensées ou paroles négatives vis-à-vis d’autrui. L’union que nous proposons doit être formée par des musulmans qui œuvrent selon ces principes et visent à instaurer la paix dans le monde.
La morale coranique exige des musulmans qu’ils se tiennent loin des guerres et conflits et qu’ils résolvent leurs disputes par le dialogue et la recherche de l’entente. Allah considère la guerre dans le Coran comme une solution de dernier recours qui doit se plier à des règles humanitaires et morales strictes. Les musulmans doivent toujours être du coté de la paix et de la concorde et ne se battre qu’en cas de légitime défense, s’ils sont attaqués par l’ennemi. Allah révèle que ce sont les corrupteurs qui déclenchent les guerres et qu’Il les a en aversion:
ils s’efforcent de semer le désordre sur la terre, alors qu’Allah n’aime pas les semeurs de désordre. (Sourate al-Maidah, 64)
La vie de notre Prophète Mohammed (pbsl) montre que la guerre n’est motivée que par des raisons défensives, lorsque toute autre solution a échoué. Le Coran fut révélé au Prophète (pbsl) sur une période de 23 ans. Pendant les 13 premières années, les musulmans ont été une minorité opprimée soumise à l’autorité païenne. Beaucoup d’entre eux ont été physiquement torturés, d’autres tués, certains ont perdu leurs biens. Toute cette communauté était constamment exposée à l’humiliation et aux menaces. Néanmoins, ils restaient pacifiques et invitaient les païens mecquois à faire la paix. Quand l’oppression atteignit un niveau intolérable, les musulmans migrèrent vers Yathrib (qui devint plus tard Médine), où ils purent trouver liberté et amitié et établirent peu à peu leur autorité. Mais ils n’en déclarèrent pas pour autant la guerre aux païens belliqueux de la Mecque.
Une société islamique doit être caractérisée par la mesure et l’équilibre car les gens sont invités à faire le bien et à s’écarter du mal. Le verset 143 de la sourate al-Baqarah affirme que les musulmans sont des témoins et des modèles pour les autres en tant que “communauté du juste milieu”. Un autre verset indique qu’on attend d’eux qu’ils soient des exemples pour l’humanité:
Vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les hommes, vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable et croyez à Allah. (Sourate al-Imran, 110)
Une organisation formée par des musulmans qui appliquent les enseignements divins se doit naturellement de protéger et incarner cette morale et montrer le chemin à l’Union islamique. Elle doit d’abord résoudre les disputes entre les musulmans et répandre la paix dans le monde islamique, s’opposer à tout mouvement qui incite à la violence et la guerre, et constituer une force préventive contre tous les fauteurs de guerre. Mieux, elle doit coopérer avec la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, ainsi que sur des questions d’intérêt général (par exemple les armes de destruction massive -ADM), voire prendre la direction des actions menées contre ces menaces.
Un générateur de solutions
Nous avons brièvement mentionné certains problèmes (par exemple la Palestine et le Cashmere) que l’Union islamique devrait résoudre rapidement. Ainsi, dès sa création, elle devra assumer d’immenses responsabilités et devenir une organisation capable de générer des solutions réalistes et appropriées.
La situation actuelle a un impact négatif non seulement sur les musulmans, mais aussi sur beaucoup de gens innocents à travers le monde. Des millions d’hommes continuent à souffrir de la corruption, de la pauvreté, de l’immoralité, de la répartition injuste des richesses, de la cruauté, de la tyrannie, de la discorde et de l’injustice. Des bébés meurent à cause du manque de nourriture, des enfants et adultes en sont réduits à errer dans les rues, les réfugiés sont contraints de vivre dans des tentes or baraques, bien des malades ne peuvent se payer les traitements médicaux nécessaires… Tous ces problèmes affectent non seulement le monde islamique et le Tiers-monde en général, mais aussi à un degré moindre les pays industrialisés.
De nombreuses personnes innocentes et dans la détresse attendent une main secourable. Les responsabilités des musulmans à cet égard sont les suivantes:
Et qu’avez vous à ne pas combattre dans le sentier d’Allah, et pour la cause des faibles : hommes, femmes et enfants qui disent : “Seigneur! Fais-nous sortir de cette cité dont les gens sont injustes, et assigne-nous de Ta part un allié, et assigne-nous de Ta part un secoureur.”(Sourate an-Nisa, 75)
L’Union islamique devra résoudre les litiges entre les musulmans et les non- musulmans aussi bien que les conflits entre les musulmans. Actuellement, même ces derniers sont résolus par les pays occidentaux ou des organisations internationales qui se trouvent sous leur contrôle. Des puissances étrangères, peu familières avec l’histoire et la culture islamiques, s’avèrent incapables d’apporter des solutions adéquates, même si elles fournissent une petite aide de temps en temps. Les pays musulmans doivent résoudre leurs propres problèmes, ainsi ils ne seront pas étalés sur la scène internationale, les solutions proposées serviront leurs intérêts, de plus, un monde islamique unifié enverra un message de puissance et stabilité. Un des principaux problèmes du monde islamique est son incapacité actuelle à mettre en œuvre de telles politiques communes et des stratégies efficaces même pour les sujets qui le concernent directement.
L’Union islamique se doit de trouver des solutions pour les pays musulmans ainsi que pour tous ceux qui recherchent la paix et la sécurité. Chaque pays a ses propres problèmes politiques, démographiques, économiques, chaque région également. Bien que chacun de ces problèmes requiert des solutions et mesures différentes, les problèmes fondamentaux et leurs solutions sont partout les mêmes. Bien des souffrances et ravages sont dus au fait que la morale coranique n’est pas appliquée comme elle le devrait, ce qui implique que les solutions proposées ne sont pas élaborées selon ses principes. S’il est vrai que l’on a besoin de solutions justes et réalistes, il faut aussi que les musulmans possèdent des qualités comme l’ouverture d’esprit, la flexibilité, la liberté de pensée, mais aussi l’honnêteté, la dévotion, la justice, l’entraide, lesquelles dérivent toutes de la morale coranique.
Il y a un lien important entre la résolution des problèmes économiques et la morale sociale. Par exemple, l’un des principaux problèmes économiques est l’injustice sociale, or c’est essentiellement un problème moral. Il ne peut y avoir d’injustice sociale dans une société islamique, car Allah commande que tous les biens ou richesses en surplus soient distribuées aux nécessiteux et interdit la consommation frénétique. Les moyens financiers ne devraient pas servir à obtenir des privilèges et devenir un luxe partagé par un petit nombre car la morale coranique prône la solidarité sociale et la prise en compte des besoins d’autrui. Les musulmans sincères sont si altruistes qu’ils nourrissent les pauvres et les captifs avant de penser à eux-mêmes même s’ils sont dans le besoin. Ils n’agissent ainsi que pour obtenir l’agrément d’Allah car :
Ils offrent la nourriture, malgré son amour, au pauvre, à l’orphelin et au prisonnier, (disant) : “C’est pour le visage d’Allah que nous vous nourrissons : nous ne voulons de vous ni récompense ni gratitude.”(Sourate al-Insan, 8-9)
La solidarité et la coopération entre les individus peuvent facilement s’élargir au niveau des relations internationales vu que la morale islamique guidera les pays membres de l’union. Il est inadmissible que certains pays jouissent d’un luxe insolent tandis que dans d’autres les nouveaux-nés meurent de faim. Toute personne douée de conscience morale devrait être perturbée par cette situation.
De nombreuses organisations internationales caritatives s’emploient activement à assister ces nations pauvres et déshéritées. Cependant leurs efforts se limitent souvent à envoyer des colis de vivres aux régions sinistrées. De plus, cette aide n’atteint pas toujours ceux qui en ont besoin étant donné les dysfonctionnements des structures dans les pays du tiers monde et l’existence d’organisations de type maffieux. Tout cela doit être éradiqué, il faut instaurer une mentalité nouvelle basée sur la conscience et le bon sens à travers des campagnes de masse.
Lorsque l’on met un frein au gaspillage, que la solidarité se développe et que le partage est encouragé, lorsque les gens apprennent enfin à écouter leur conscience morale, on peut espérer mettre un terme à ces déséquilibres économiques. L’Union islamique sera la structure la plus à même de mettre en œuvre ces solutions.

Les droits de chacun doivent être établis en toute équité et respectés

Dans une société façonnée par la véritable morale islamique, les droits et libertés individuels sont très importants. Ils sont solidement garantis de telle sorte que chacun peut vivre une existence libre et digne. Allah a révélé dans le Coran que tous les homes sont égaux devant Lui, car la supériorité des uns sur les autres ne repose que sur la conscience qu’ils ont de Lui; Il commande aux musulmans d’être justes, tolérants, enclins au pardon et compréhensifs envers autrui. De ce fait ils doivent respecter leurs différences et être équitables quand ils jugent les autres.
L’attitude de notre Prophète (pbsl) à l’époque de la première société islamique (à Médine) montre aux musulmans la voie à suivre concernant les structures sociales et le type de gouvernements à adopter. La Constitution de Médine (Charte de Médine), considérée comme étant la première constitution des musulmans reflète une grande compréhension des lois et donne l’exemple de ce que doit être la conception de la justice et des droits individuels dans la société islamique. Sous ce régime, on accordait aux hommes de toutes les confessions leurs droits et leurs libertés fondamentales; leurs vies, biens, familles et lieux de culte étaient préservés. Avec ce système, tout le monde pouvait vivre dans une même entité politique et la paix régnait enfin entre les tribus qui se combattaient depuis des années. En dehors de la Constitution de Médine, le Prophète (pbsl) traitait toujours les païens avec équité, répondait à leurs demandes en fait de sécurité et protection et cherchait à établir des relations cordiales et civilisées entre les gens.
Ainsi, il y a quatorze siècles, l’Islam a apporté à l’humanité des valeurs telles que les droits individuels, la loi et l’ordre, l’égalité devant la loi et la liberté économique. Quand l’Islam s’est répandu, la justice qui régnait sur son territoire suscita l’envie de toutes les nations. Ce sens de la justice, que certains penseurs occidentaux évoquent encore aujourd’hui avec respect amena beaucoup d’individus et de nations à embrasser l’Islam et accepter l’autorité musulmane. Notre Prophète Mohammed (pbsl) appliquait la conception coranique de la justice de la meilleure façon possible, ses çompagnons et les musulmans en général continuèrent à pratiquer cette morale supérieure. Ceci permit aux musulmans de devenir une communauté qui applique la justice:
Parmi ceux que Nous avons créés, il y a une communauté qui guide (les autres) selon la vérité et par celle-ci exerce la justice. (Sourate al-A’raf, 181)
L’Islam enseigne la liberté de penser et prône la participation de tous au gouvernement du pays. La consultation du peuple est l’un des principes les plus importants de l’Islam dans le domaine social, car Allah commande aux musulmans de se consulter mutuellement, c’est-à-dire de discuter ensemble de leurs affaires:
Ceux qui répondent à l’appel de leur Seigneur, accomplissent la salat, se consultent entre eux à propos de leurs affaires, dépensent de ce que Nous leur attribuons. (Sourate ash-Shura, 38)
Quand l’action est précédée par la consultation, chacun a une chance égale d’exprimer son opinion et donc d’envisager la question selon différentes perspectives. Cela réduit les risques d’erreur et aboutit à une décision agrée de tous et adéquate.
L’aspect le plus important de la consultation est que chaque représentant doit faire de son mieux pour respecter et comprendre les différents points de vue. Leur principal souci est de trouver les bonnes idées plutôt que de savoir qui en est l’auteur. En d’autres termes, l’objectif principal de la consultation est de prendre les décisions qui servent le mieux l’intérêt de la société. La morale islamique demande aux musulmans de ne pas camper sur leurs positions, mais d’adopter l’avis le plus conforme à leur conscience et le plus équitable. Les musulmans doivent éviter de tomber dans l’obstination et l’orgueil qu’implique le fait de penser que “mon avis est le meilleur et doit être reconnu par tous”: un tel comportement déplait à Allah. Ils doivent savoir qu’il y a toujours plus savant qu’eux et que ce serait une erreur que de s’obstiner à croire que leurs idées sont les meilleures:
Et au-dessus de tout homme détenant la science il y a un savant [plus docte que lui]. (Sourate Yusuf, 76)
Le principe islamique de la consultation sera essentiel pour l’Union islamique, qui doit être bâtie sur une culture de la libre parole où chacun s’exprime sans crainte ni récrimination, où les droits de tous sont préservés, et où les différents points de vue sont écoutés avec un respect égal. Ainsi, les pays membres développeront des sociétés où chacun respecte l’avis d’autrui, où règne l’équité, la justice et la liberté, où enfin l’oppression et l’injustice sont éradiquées. De telles réalisations permettront au monde islamique de garantir la sécurité et le bien-être des musulmans et deviendront des forces agissantes au service de la culture et la civilisation de notre monde.
L’objectif ultime: développer le monde islamique
Un des plus graves problèmes du monde islamique réside dans son sous- développement. Aussi, l’une des priorités de l’Union islamique sera de développer le monde islamique en soutenant les pays les plus pauvres et en résolvant leurs problèmes économiques. On peut y arriver en combattant la pauvreté, —en encourageant de nouveaux investissements, en créant des emplois, —en faisant régner la loi et l’ordre dans toute la société, en supprimant l’injustice économique, en garantissant la justice sociale, en renforçant enfin la coopération et le dialogue au niveau international et régional.
Les problèmes et tensions qui sévissent dans le monde islamique et qui sont dus aux inégalités financières doivent être jugulés. Une union et coopération entre les pays musulmans sur les plans économique, politique et surtout culturel permettront aux pays sous-développés d’avancer rapidement. De plus, ceux qui possèdent déjà les infrastructures nécessaires seront en mesure de maximiser leur productivité. Une union de ce type profitera donc à la croissance économique, au progrès scientifique et au développement technologique.
La croissance économique favorisera les investissements dans les domaines de la science et de la technologie, et les avancées technologiques encourageront en retour la croissance. Le développement économique permettra d’élever le niveau d’éducation et la société se développera sur différents plans. Sous l’égide de l’Union islamique, les individus pourront voyager librement sans être entravés par les visas ou les frontières, et l’établissement d’un système de libre-échange et de libre entreprise mènera le monde islamique vers une croissance et un développement rapides.
Ce développement conduira naturellement à la modernisation du monde islamique qui parviendra ainsi au niveau qu’ont atteint les pays développés. Si les principes économiques de l’Islam diffèrent de l’hédonisme qui imprègne ceux de l’occident, le libre échange est aussi essentiel pour les sociétés islamiques qu’il l’est pour les sociétés occidentales. L’Islam reconnaît le droit de chacun à la propriété individuelle et à la libre entreprise mais la morale de l’Islam assigne aux individus certaines responsabilités pour garantir la justice sociale. Les pauvres ont droit à une part de la fortune des riches, mais cela ne prend pas la forme d’une taxation contraignante. Les riches donnent cette part aux pauvres volontairement, au nom de leurs croyances.
La conception islamique de la justice sociale n’est pas garantie par une planification centralisée et contraignante comme le socialisme prétendait le faire, sans y arriver, mais par les valeurs dominantes de la société. La morale islamique interdit aussi aux riches de se complaire dans une consommation frénétique et des dépenses extravagantes.
Le modèle social matérialiste encourage la consommation, l’égoïsme et l’oppression impitoyable des uns par les autres, ces derniers ayant perdu tout respect et tout sentiment pour leurs concitoyens. Depuis deux cents ans, ce modèle social s’est imposé dans la majeure partie du monde occidental et aboutit à l’érosion des valeurs traditionnelles judéo-chrétiennes. De ce fait, de nombreux pays occidentaux sont obligés de lutter contre l’expansion du trafic de drogue, de la prostitution, de la corruption, des jeux, de l’alcoolisme et du crime organisé.
Plus grave, l’affaiblissement des croyances a provoqué une crise d’identité : les philosophies matérialistes qui affirment que la vie a pour but d’acquérir des biens matériels et de mener une vie de plaisir, ne peuvent satisfaire le besoin de spiritualité des hommes et cela débouche finalement sur le vide d’une existence privée de but. Sous la bannière de la liberté, ses adeptes s’abandonnent à leurs désirs égoïstes.
La morale islamique, de son coté, libère les hommes de tous les soucis et problèmes qui perturbent leurs esprits. Les croyants ne prennent que Allah en considération et ne cherchent qu’à gagner Son agreement. Pleinement conscients de leurs responsabilités envers notre Seigneur, ils vivent conformément à leur conscience à chaque instant, et cela en fait des individus équilibrés, satisfaits de leur situation. Ils apportent à leur environnement une beauté et une bonté. Cette morale libère les hommes des pressions de l’envie, des désirs excessifs, de la peur du futur et de la mort et des autres attitudes et peurs qui sont incompatibles avec la piété. Libérés de ces caractéristiques négatives, ils font l’expérience de la liberté et de la paix qui découlent de la soumission à Allah. Ainsi, le développement et le progrès encouragés par l’Union islamique ne seront pas identiques à ceux proposés par l’occident.
Durant sa phase de développement, l’occident a connu une grande injustice sociale. Par exemple, le moteur du développement aux 18ème et 19ème  siècles en Angleterre consistait en une exploitation impitoyable. La classe ouvrière endurait des conditions de vie et de travail terribles. Des enfants à peine âgés de 7 ou 8 ans devaient travailler dans des mines de charbon 16 heures par jour, beaucoup mouraient avant d’avoir 20 ans. Dans les années 1840, l’espérance de vie moyenne des mineurs tomba à 17 ans.16 De l’autre coté, les riches vivaient dans un luxe insolent. Tous les pays industrialisés occidentaux sont passés par ces expériences horribles et ils se sont construits sur l’exploitation et l’oppression de millions de pauvres gens.
Le modèle de développement d’une société régie par la morale islamique prendra en compte la justice sociale. L’occident a connu de grandes injustices durant son propre développement parce que ses dirigeants adhéraient à une conception matérialiste et erronée de la nature humaine. La morale islamique en revanche exige des croyants qu’ils soient des entrepreneurs et des pionniers dans tous les domaines, mais aussi qu’ils soient compatissants, altruistes, et justes envers les autres. Pendant l’essor de la civilisation islamique, les musulmans occupaient les premiers rangs de l’économie mondiale et étaient de très grands commerçants. Toutefois, la richesse ainsi obtenue ne restait pas aux mains d’une poignée de privilégiés, mais était répartie entre tous les membres de la société. Il existait des institutions d’aide sociale : des organisations caritatives, des complexes sociaux, des soupes populaires, des caravansérails, des bains et des bibliothèques publics qui montrent que la richesse et culture étaient accessibles à tous. L’Union islamique que nous proposons doit adopter ce modèle de développement. Un autre aspect caractéristique de ce modèle est son ouverture d’esprit. La morale islamique demande aux musulmans d’avoir l’esprit ouvert, ou en d’autres termes, de maintenir le dialogue avec les autres cultures et de profiter de leurs avancées. C’est pour cette raison que les penseurs et savants musulmans ont étudié les travaux des érudits grecs, chinois, romains et indiens, et en ont tiré des connaissances qu’ils ont développées et enrichies en y apportant un regard islamique. Le monde islamique actuel doit étudier les autres cultures, en particulier les cultures occidentales, tirer profit de la somme de connaissances qu’elles ont accumulées et les approfondir pour son bien et celui de toute l’humanité.
En effet, le fait de vouloir isoler le monde islamique des autres cultures et de le confiner à ses frontières ne rendra pas service aux musulmans. La morale islamique exige que la technologie soit utilisée au maximum de son potentiel. Par exemple, les musulmans doivent construire leur propre industrie cinématographique pour enseigner à l’humanité la vertu et la bonté et pour contrebalancer le message des films qui cherchent à imposer leur vision matérialiste. S’il est vrai que certains types d’art exercent des influences négatives, les musulmans doivent proposer une forme d’art plus belle et grandiose. Les gens admirent le caractère imposant, la propreté, le confort, et l’animation des villes, les musulmans doivent donc bâtir des villes meilleures et faire du monde un endroit où il est bon vivre.
Il est certain que les musulmans peuvent édifier une civilisation comparable à la grande civilisation islamique d’autrefois, mais pour ce faire, ils doivent vivre en se conformant aux conceptions esthétiques et artistiques, au sens de l’ouverture d’esprit, de la modération et de la justice propres à la morale coranique. L’art, la culture et la civilisation islamique apporteront la prospérité non seulement aux musulmans mais aussi à toute l’humanité. Les plus grandes librairies, les édifices les plus impressionnants, les rues les plus propres, les routes les plus éclairées, les meilleures écoles, universités, et hôpitaux seront l’œuvre des musulmans et tous y auront accès.
L’essor de la civilisation islamique est possible si cette entreprise est menée par un pouvoir central islamique ; le 21ème siècle sera peut-être un siècle d’illumination pour le monde islamique. A une époque où la mondialisation prend de l’ampleur, les pays musulmans doivent résoudre leurs conflits, lancer des coopérations sur le plan scientifique, technologique et commercial, bref, unir leurs forces pour le bien de tous les musulmans.
Enfin, il faut rappeler que les musulmans ne doivent pas diviser le monde en deux pôles : les “occidentaux”et les “musulmans”. Premièrement, la majorité des occidentaux sont des gens du Livre et partagent par conséquent les valeurs religieuses et morales des musulmans. C’est pourquoi plusieurs aspects de la culture occidentale (par exemple, la liberté de croyance, les valeurs démocratiques et familiales) occupent aussi une place centrale dans la morale islamique. D’un autre côté, beaucoup de gens en occident se sont convertis à l’Islam et d’autres continuent à le faire. Si on considère que les valeurs du Coran n’ont pas été correctement exposées en occident, il est réaliste de dire que beaucoup d’autres embrasseront l’Islam. Les musulmans se doivent d’adopter cette attitude envers l’occident et sa culture. Ils doivent aussi se rappeler que certains milieux ont été soumis à l’influence des philosophies matérialistes pendant plus de deux siècles et qu’ils ont encore besoin d’être libérés de leurs préjugés. Telle est la responsabilité des musulmans.
16. “The Impact of the Industrial Revolution on Families”, Disponible sur : www.asis.com/sfhs/women/sophie.html

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